lundi 30 janvier 2017

Faire mon deuil de l'accouchement vaginal

 Nous sommes tellement masos de vouloir accoucher.
Un accouchement, c’est des douleurs aux contractions, anticiper la douleur de la suivante qui arrive que trop vite.
Ton médecin montre à ton chum les foutus points de pression, là où il doit presser pendant ta contraction qui fait juste crissement mal et que t'as juste pas envie de te faire toucher pendant que tu souffres alors tu engueules ton chum pour qu’il arrête de te toucher pendant que tu hurles de douleur et quand c’est passé, tu l’engueules qu’il te masse ou te flatte le dos, mais le temps qu’il se bouge les fesses, une nouvelle contraction prend la relève.
Quand enfin le temps d’avoir ta péridurale arrive, tu stresses à mort d’avoir mal. Après vient le temps de pousser parce qu’après avoir passé l’après-midi au complet en position de grenouille pour élargir enfin à 10, tu es prête.
Tu vas pousser tellement fort que le sang te monte à la tête, les étourdissements et acouphènes accompagnent le relâchement, il reste le risque d’évacuer plus qu’un bébé (beurk), tu vas très possiblement déchirer et avoir des points… bref, ça ne donne tellement pas envie d’accoucher. Mais au-delà de ça, un accouchement, c’est magique.
C’est avoir sa première contraction et se demander dans combien de temps la suivante arrive. Vous savez, les premières contractions qui sont seulement inconfortables. Ce moment où on se demande si c’est enfin le temps d’aller à l’hôpital.
Tout énervée, tu réveilles ton chum et tu lui dis: emmène-moi à l’hôpital, c’est le temps! Tu mets ton manteau, prends ta valise, ton chum est dans l’auto, il a déjà démarré le moteur et tu attends encore plus énervée que depuis 10 minutes.
Il roule à 130 jusqu’à l’hôpital même si tu lui dis qu’il n’a pas besoin de se presser autant.
Tu arrives à la natalité avec ta valise et tu croises les doigts de ne pas te faire retourner à la maison. Tu profites du bain-tourbillon, tu marches, rebondis sur un ballon, tu appelles ta famille au complet pour leur dire que tu es à l’hôpital, c’est le moment.
Ok, il reste encore la partie chiante énoncée plus haut où tu sacres, brailles ta vie, maudis ton chum de t’avoir mise enceinte, tu te dis que plus jamais tu vas avoir un autre bébé, c’est fini! Pendant que tu pousses, tu ne penses même plus au fait que tu vas peut-être déféquer sur la table, tu penses juste au fait que bientôt la tête et le corps vont sortir.
Ici, mon rêve se brise.
Ma fille se présentait par le visage. Elle n’était même pas engagée, car la tête coinçait dans mon bassin. On m’offre les forceps… il est hors de question qu’elle utilise cet objet de torture sur moi.
C’est la césarienne.
Au lieu de pousser, bébé sort, lâche son premier cri, j’étais même prête et heureuse de recevoir ma princesse toute gluante de liquide sur moi et faire mon premier peau à peau… On m’a emmenée en grand stress dans le hall des opérations.
Mon chum emmené à part pour mettre ses vêtements stériles et moi avec une légère couverture de coton, l’infirmière me brusque sur mon choix de ne pas avoir pris les forceps, me fait signer une décharge en grognant parce que ça n’avait pas été fait avant (ben oui, j’avais tout prévu moi!).
J’étais dans une pièce chaude aux lumières tamisées avec ma mère et mon chum et là, on m’emmène dans une pièce glaciale avec des lumières trop intenses, je suis épuisée parce que je n’ai pas dormi depuis plus de 40 heures, j’ai contracté et poussé pour rien.
On me gosse le ventre, mon chum est derrière moi et me flatte l’épaule pendant que je tremble de froid et d’épuisement sur la table d’opération. Tout d’un coup, j’entends pleurer et je me mets à pleurer aussi.
Enfin, c’est fini… aussi j’ai peur. C’est toute ma vie qui change. On me présente ma fille qui hurle, la tête sur mes seins.
À ce moment, je suis si épuisée et perdue, je n’ai même plus la force et l’envie de la voir. Je veux juste fermer les yeux. Ils la reprennent et prennent mon chum, ils les emmènent à la pouponnière où mon chum fera le premier peau à peau. Sans m’en rendre compte, je m’endors sur la table pendant qu’ils me referment. Je me réveille une heure plus tard en salle de réveil.
Je dois attendre qu’ils me considèrent comme assez stable pour qu’ils me remontent à ma chambre.
Après 1h45, je rencontre enfin mon bébé.
Mon deuil est à faire maintenant, jamais je n’aurai la chance d’accoucher de façon vaginale, mon bassin est trop petit. Plus jamais je ne vivrai les moments d’excitation avant l’accouchement. Je vais arriver à l’hôpital avec ma valise, car c’est prévu à l’horaire.
On va m’emmener à la salle d’opération, ouvrir à nouveau mon ventre et me recoudre. Cette fois, pourrais-je réellement avoir mon premier moment post-accouchement avec mon bébé en peau à peau directement?
Je croise les doigts d’avoir au moins cette chance.






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